BANAUE

Aller voir les rizières de Banaue n’est pas une mince affaire car 10 heures de bus sont nécessaires pour rejoindre ce magnifique territoire ! Je suis habituellement organisée dans ce genre de voyage mais cette fois-ci j’ai omis un léger détail : la réservation des sièges de bus ! Nous avons donc droit à un siège (une grande chance) et une chaise en plastique dans l’allée du bus ! Avec Daniel nous tournons pour ne pas que l’un de nous n’est mal partout à l’arrivée !

Départ 10h du soir, arrivée 8h du matin. Milliard, conducteur de tricycle, nous attend à l’arrivée et nous conduit dans un petit restaurant avec vue sur nos premières rizières pour prendre un petit déjeuner. Nous devons par la suite rejoindre notre guide Harriet proche d’une jonction qui nous amènera au village de Batad où nous passerons la nuit.

A notre arrivée à la jonction, Harriet n’est pas là et Milliard nous propose donc de nous emmener en haut de la jonction juste avant le chemin qui mène à Batad… Nous étions donc supposés marcher sur une route en pleine construction avec des jeepneys, des tricycles, des voitures qui nous dépassent… Merci Harriet d’avoir été en retard ! (en réalité je pense que tous les guides attendent les touristes au second point de la jonction. Voir carte. Pour nous faire passer la pilule de payer un trajet en tricycle 500 Pesos, Milliard nous dit qu’il nous offre la course jusqu’au second point mais que normalement ce trajet coûte 200P de plus… mon œil ! ). Le trajet est une vraie aventure, le tricycle est branlant à cause de la route… que dis-je, du chemin boueux, caillouteux et composé de cratères ! Nous sommes secoués comme jamais ! Nous devons descendre du tricycle pour le pousser car il s’embourbe,… Et nous voilà finalement arrivé au second point de la jonction ! Harriet nous souhaite la bienvenue et nous apercevons enfin les paysages tant attendus !

Vers 12 : 30 nous arrivons à Batad… Une merveille s’offre à nous ! La beauté du mélange entre l’homme et la nature. Les Ifugaos ont construit ces rizières plus de 2000 ans auparavant et l’on peut voir que le respect de la Nature était présent. Ils ont cultivé leur terre en harmonie avec leur environnement, sans déranger la Nature et c’est aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO… Le monde devrait donc prendre exemple !

L’après-midi est consacrée à la descente vers la cascade de Tappiyah. Le chemin est à 70% composé de marches…hautes ! La descente est très raide et fait trembler mes muscles au sens propre et figuré. Imaginer la remontée me décourageait d’avance ! Nous avons pu profiter qu’une petite demi-heure de l’eau fraîche (très fraîche) des eaux pures des montagnes de Banaue. La pluie nous a vite rattrapé et nous avons du faire toute la remontée sous une pluie battante ! Je vous passe l’intensité de mon essoufflement ! Mes poumons n’ont jamais été autant gonflés et mon cœur était prêt à éclater ! A la fin du parcours (enfin.. au milieu pour être honnête ! ) je montais les hautes marches à 4 pattes, tel un bébé qui apprend à marcher, pour me fatiguer le moins possible ! Parfois Harriet prenait mes mains derrière son dos et montait les marches devant moi pour me donner du courage ! Un sacrée bout de femme pour qui les marches sont encore plus hautes que pour moi et qui randonne en tong !

Harriet est la femme de Darwin, le guide officiel des volontaires de Virlanie ! Grâce au bouche à oreille, tous les volontaires passent par eux. Ainsi, après quelques années ils ont pu construire une vraie maison et envoyer leurs enfants à l’école du village voisin. D’ici peu, ils construiront une chambre pour les volontaires de Virlanie.

Ce dimanche a été une journée d’une rare beauté. Harriet a beaucoup partagé avec nous. Elle va tous les jours prendre soin des rizières de sa famille au village voisin, à une heure de marche. Elle est la 12eme d’une famille de 13 enfants et dans ces provinces, les cadets doivent prendre soin des rizières familiales et partager la récolte avec tout le monde. Elle nous a également expliqué comment était désigné le Chef de village (celui qui coupait le plus de têtes des chefs de villages environnants !). Depuis quelques générations c’est de père en fils. Elle nous précisera que tous les Chefs de Batad sont enterrés (empilés) dans un petit cabanon à côté de la maison du Chef de Village et que si l’on s’approche trop près ça sentira fort ! Le Chef de Village est le premier a planté le riz, personne ne peut commencer sa plantation avant lui. Ainsi on pouvait reconnaitre ses terrasses car son herbe était un plus jaune que les autres, bientôt prête à être cueillie. J’ai volontairement choisie de faire Banaue au mois de Mai car il s’agit de la meilleure saison ; les terrasses sont vertes, il commence à faire chaud mais il n’y a pas encore la mousson. Et donc pas de moustiques ( juste un serpent traversant le chemin devant moi ! ).

L’orage aura duré toute la nuit et le matin la pluie étant encore au rendez-vous, nous avons changé nos plans. Nous avons profité de notre matinée à Batad, en pleine nature et sommes partis seulement l’après-midi faire la marche de retour par un chemin différent. Nous avons encore une fois été éblouis par les paysages. Nous avons marché en forêt, croisé des rizières, marché au milieu de celles-ci,… Nous avons été accompagnés par les chants puissants des oiseaux et des insectes pendant 3h de marche.

Puis nous avons repris le tricycle branlant et le bus pendant 10h. Nous sommes rentrés fatigué de ce weekend court et intense, et heureux d’avoir vu cette merveilleuse nature philippine.

Ce pays est riche, très riche…